L'Arganier





























 
Voici  un article que j’ai trouvé sur ce site : http://cybergeo.revues.org . Cet article a été  écrit par un voyageur à vélo qui décrivait bien cette région de Haha et son fabuleux arbre : L’arganier.

L’arganier (Argania spinosa de la famille des Sapotacées, de l’ordre des Ebénales et de la classe des Magnollopsida ) est, comme l’indique le dictionnaire, "un arbre endémique du Maroc", il pousse principalement dans les régions de l’Atlas. En raison de son bois très dur, on l’appelle aussi le bois de fer.
Il peut atteindre 10 mètres et vivre 200 ans. Son origine est ancienne, elle daterait de l’ère tertiaire quand les îles Canaries étaient encore collées au continent africain. C’est un épineux qu’adorent les dromadaires et les chèvres mais que doivent éviter à tout prix les cyclistes avec leurs vélos aux pneus fragiles. D’ailleurs, je ne manquerai pas d’en faire l’amère expérience et d’en être la première victime par mon imprudence.
A première vue, l’arganier ressemble à l’olivier, il a le même tronc court et tortueux et les collines "squattées" par les arganeraies au sud-ouest du Maroc (occupant une surface d’environ 1 million d’hectares) ressemblent de loin aux interminables oliveraies andalouses, mais si les oliviers sont plantés en rangs, régulièrement, en terre arable, les arganiers semblent, eux, pousser librement, dans le désordre, appréciant la terre caillouteuse des zones arides et l’air marin des pentes de l’Atlas. Les forêts d’arganiers ont été classées par l’Unesco en 1999 comme "réserves de biosphère" (RBA) et jouent un rôle socio-économique et environnemental très important. Le fruit de l’arganier ressemble à celui de l’olivier : c’est une baie ronde ou ovale qui n’a pas de noyau mais contient une noix renfermant jusqu’à trois amandes, recouverte d’une coque très dure que seuls le marteau et les sucs gastriques des estomacs des caprins arrivent naturellement à... ramollir.
Car l’utilité première de l’arganier, c’est son huile, fameuse pour ses qualités thérapeutiques, alimentaires et gustatives, ses vertus curatives et nutritionnelles. L’huile d’argan est utilisée dans l’industrie cosmétique et constitue un excellent remède pour ceux qui souffrent de déshydratation cutanée, d’eczéma, de surdité, de rhumatismes, elle guérit la varicelle et les maladies cardio-vasculaires notamment, réduit les risques d’infarctus du myocarde mais aussi retarde la chute des cheveux et redresse les ongles cassants. Mais j’oubliais l’essentiel : l’huile d’argan, véritable potion magique, développe les capacités cérébrales !
Il faut beaucoup de fruits pour obtenir à peine quelques gouttes d’huile. Le travail, réservé exclusivement aux femmes, est long et fastidieux, surtout si on utilise dans des conditions rustiques la méthode traditionnelle et familiale. Il faut d’abord dépulper le fruit qu’on cueille au printemps, puis concasser la coque, l’ouvrir pour en extraire le ou les amandons, ensuite on procède à leur lente torréfaction dans un pot de terre et à la trituration des graines dans une meule spéciale, également en pierre. A la fin, on malaxe la pâte avec un peu d’eau et on la pétrit avec les mains.
On rapporte aussi une autre méthode d’extraction de l’huile d’argan, plus "spéciale" et plus originale dont je n’ai pu vérifier l’authenticité. Comme la coque est très dure, au lieu de la dépulper par écrasement et la concasser avec deux pierres, on donne les fruits aux chèvres qui en raffolent. Il paraît que leur appareil digestif dissout la dure coque du noyau. Il suffit donc d’attendre patiemment la fin de la digestion et le moment précis de la défécation pour récupérer dans le crottin le précieux fruit "nettoyé" de sa coque...
Je traverse pendant des kilomètres d’épaisses forêts d’arganiers, pourtant, je lis dans la presse, qu’on assiste depuis plusieurs années à une régression alarmante des arganeraies aussi bien en surface qu’en densité due essentiellement au déséquilibre écologique provoqué par l’homme. Les paysans misent davantage sur l’intensification de l’agriculture (plus facile et plus rentable) et défrichent les forêts d’arganiers. Pour sauver la situation et neutraliser les conséquences de cette mutation (érosion du sol, baisse des nappes phréatiques...), des colloques internationaux ont été organisés à Agadir et c’est apparemment le Canada qui s’implique le plus dans le sauvetage de cet "or vert" du Maroc.

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